Décède-t-on dans le département de sa naissance ?

Ref : Defrénois 31 oct. 2019, n° DEF153h2, p. 13

En 2018, 610 000 personnes sont décédées en France, soit 3 000 de plus qu’en 2017 et 16 000 de plus qu’en 2016. Le nombre de décès en France n’a jamais été aussi élevé depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Il a tendance à augmenter mécaniquement depuis le début des années 2010, du fait de l’arrivée des générations nombreuses du baby-boom (nées entre 1946 et 1974) à des âges de forte mortalité.

En 2004, un point bas avait été atteint avec 519 000 décès, après la forte hausse liée à la canicule de 2003. L’épidémie de grippe de l’hiver 2018 a été précoce et très longue : elle a débuté début décembre 2017 et s’est achevée fin mars 2018.

Le niveau particulièrement élevé des décès en janvier 2017 n’a toutefois pas été atteint (60 000 en 2018 contre 68 000 en 2017). Toutefois, le cumul sur les trois premiers mois de l’année en 2018 (172 000 décès) dépasse légèrement celui de 2017 (171 000 décès).

L’épisode caniculaire du 24 juillet au 8 août 2018 n’a eu qu’un faible impact sur la mortalité.

Combien de personnes sont décédées dans leur département de naissance ?

Parmi les personnes décédées en 2018, 47 % sont mortes dans leur département de naissance. Cette proportion est plus élevée dans les DOM qu’en métropole :

  • 91 % des personnes décédées en Martinique en 2018 y étaient nées ;

  • en Guadeloupe et à La Réunion, c’est le cas de 86 % des personnes décédées ;

  • en métropole, dans le Pas-de-Calais, le Nord, la Manche et le Finistère, plus de 70 % des personnes décédées y étaient nées ; cette part est élevée également en Alsace, dans les départements ruraux du Massif central (Cantal, Aveyron, Haute-Loire) et dans la région Grand Est (Ardennes, Vosges et Moselle).

Une proportion élevée signifie une plus faible mobilité entrante dans ces départements ou bien un retour des personnes originaires de ces départements dans leur département d’origine après avoir passé une partie de leur vie hors de ce département.

A contrario, les huit départements d’Île-de-France figurent parmi les dix départements où le nombre de décédés nés en dehors du département est le plus important. C’est le cas de 90 % des décès dans le Val-de-Marne et 76 % à Paris. Les autres départements où plus de 70 % des décès concernent des personnes nées hors du département sont situés dans le sud (Var, Alpes-Maritimes, Alpes-de-Haute-Provence) et à l’est (Territoire de Belfort).

Ces proportions fortes s’expliquent par une mobilité résidentielle entrante importante à différentes étapes de la vie. La région Île-de-France est économiquement attractive et de nombreuses personnes viennent y résider pour des raisons professionnelles.

Les régions du Sud attirent une population plus âgée souhaitant y vivre à la retraite. Le Territoire de Belfort dispose d’un hôpital de taille importante desservant un bassin de population qui s’étend sur les départements limitrophes, contribuant à augmenter la part des décès de personnes nées en dehors de ce département.

Parmi les personnes décédées en 2018, 10 % sont mortes dans la commune où elles sont nées.

Les décès aux très jeunes âges, et a fortiori les décès avant le premier anniversaire, ont très majoritairement lieu dans la commune même de naissance (69 % pour les décès avant le premier anniversaire, 23 % entre 1 et 9 ans). Ces décès ont davantage lieu à l’hôpital que ceux des personnes de 10 ans ou plus. Ils surviennent donc vraisemblablement dans le même établissement que celui de la naissance, en particulier dans le cas de la mortalité infantile.

Combien de personnes sont décédées dans leur commune de résidence ?

En 2018, une personne sur deux est décédée dans sa commune de résidence et plus de neuf personnes sur dix dans leur département de résidence. Les femmes meurent davantage dans leur commune de domicile que les hommes (55 % contre 46 %).

Décéder dans sa commune de résidence ne signifie pas pour autant décéder à son domicile. Seuls 24 % des décès ont lieu à domicile.

Un peu plus de la moitié des décès (53 %) a lieu dans un hôpital ou une clinique ; parmi ces décès, 23 % ont lieu dans la commune de résidence du patient décédé.

Enfin, 13 % des décès ont lieu dans une maison de retraite et seulement 1 % dans des lieux ou voies publics.

Le lieu de décès n’est toutefois pas précisé dans 9 % des bulletins de décès.

Décéder là où l’on habite est le plus fréquent dans les DOM. Plus de deux décès sur trois ont lieu dans la commune de résidence à Mayotte, en Guyane et à La Réunion.

En métropole, c’est dans le Sud et dans quelques départements ruraux de l’Ouest que l’on meurt le plus dans sa commune de domicile : 65 % dans le Tarn et les Alpes-Maritimes, 63 % en Mayenne, 62 % dans le Tarn-et-Garonne, la Corse-du-Sud et l’Aude.

Il est plus rare de décéder dans sa commune de résidence en Île-de-France, dans le Territoire de Belfort et dans le Rhône.

(INSEE Focus n° 163, oct. 2019, par Papon S.)

Rédaction Lextenso

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