À l'occasion de la parution de la dernière édition de l'ouvrage de Philippe Malaurie, Droit des personnes - La protection des mineurs et des majeurs, le Defrénois vous offre l'avant-propos de l'auteur.
« D’année en année, d’une édition à l’autre, la même évolution. Aux mêmes menaces de violences, de sectarismes, de matérialisme et de vide – intellectuel, moral et spirituel –, aux mêmes mélanges d’espérance et de craintes que nous donnent les actuels projets scientifiques, technologiques, industriels et médicaux, le droit des personnes continue d’essayer à imposer l’humanisme, avec souvent beaucoup d’illusions, de contradictions et de verbalismes. Maintenant, se développent aussi, et rapidement, les robots, l’intelligence artificielle et la numérisation qui ne sont plus des fictions romanesques, des rêves ou des cauchemars, mais des réalités vivantes. Là aussi, le droit intervient pour essayer de les maîtriser et leur donner un sens, avec ses excès habituels, jusqu’à inventer à Bruxelles l’étrange concept de « personnes électroniques ».
Comme la condition humaine, la société française et tout notre droit, notre droit des personnes est marqué par les contradictions de ses « valeurs fondamentales », avec pour conséquences un fort encadrement juridique – très évolutif –, parfois même une inflation de droit. Ceux qu’on appelait autrefois des incapables sont devenus en 1988 des personnes protégées, tendant, peut-être, dans un avenir proche, à être des « personnes accompagnées », à l’image de ce que sont déjà depuis 2007 les accompagnements sociaux.
Cette vision critique du droit des personnes n’est pas irrémédiable ; le monde contemporain n’a jamais été aussi riche en potentialités et n’a jamais autant affirmé (et méconnu) le caractère sacré de la personne humaine ».
(Malaurie P., Droit des personnes - La protection des mineurs et des majeurs, 9e éd., 2017, LGDJ)
Rédaction Lextenso
