Quartiers prioritaires de la politique de la ville : métropole du Grand Paris et mobilité résidentielle

Les 158 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) de la métropole du Grand Paris (MGP) comptent 1,1 million d’habitants, soit 15 % de la population de la MGP (8 % en France métropolitaine).

La forte présence de logements sociaux atténue la mobilité résidentielle dans ces quartiers, même si les opérations de rénovation urbaine contribuent mécaniquement à la favoriser.

Une moindre mobilité dans les quartiers prioritaires de la MGP. Au cours de l’année 2015, un habitant sur dix résidant dans un quartier prioritaire de la métropole du Grand Paris a déménagé, que ce soit dans son quartier ou en dehors. Cette population est légèrement moins mobile que celle vivant hors géographie prioritaire (10,6 %) du fait de l’importance du parc social. Elle est également moins mobile que celle des quartiers prioritaires à l’échelle nationale (11,8 %).

Lorsqu’ils déménagent, les habitants des QPV privilégient la proximité. Ils restent majoritairement dans la MGP (77 %), et la moitié s’installe à moins de 2,9 kms de leur résidence antérieure, contre 3,6 kms pour les personnes mobiles qui résident en dehors d'un quartier prioritaire. Ils sont seulement 12 % à s’installer dans le reste de l’Île-de-France et 11 % en province.

De fortes disparités selon les quartiers. Dans la MGP, les habitants des QPV déménagent dans des proportions variables selon les quartiers. Le taux de mobilité est en général plus faible dans les quartiers dans lesquels le parc social est très développé, comme par exemple aux Grands Champs à Thiais (5,4 %). À l’inverse, il est naturellement plus élevé dans les quartiers visés par des opérations de renouvellement urbain nécessitant le relogement des habitants, comme celui de Balzac à Vitry-sur-Seine (22,4 %). C’est dans le nord-est de la métropole, principalement dans le département de la Seine-Saint-Denis, que les habitants des quartiers déménagent le plus fréquemment, en lien notamment avec un grand nombre de projets urbains et une plus forte présence du parc privé dans certains quartiers (v. notamment Grand Centre - Sémard, Plaine Trezel – Chaudron, Plaine – Landy - Bailly à Saint-Denis).

Des déménagements au sein du même quartier plus fréquents pour les populations à faibles revenus. Les habitants des quartiers prioritaires qui déménagent se répartissent en trois catégories : ceux qui quittent leur logement tout en restant dans leur quartier (30 000 personnes), ceux qui s’installent dans un autre QPV (18 000) et ceux qui emménagent en dehors (57 000).

Les déménagements au sein du même quartier concernent en moyenne une personne mobile sur quatre. Cette part varie de 20 % pour Paris à 31 % en Seine-Saint-Denis, département qui compte un nombre important de grands quartiers.

Certaines mobilités peuvent correspondre à des relogements dans le cadre d’opérations de rénovation urbaine (v. par ex. Villetaneuse).

Les habitants qui réemménagent au sein du même quartier restent pour les 2/3 dans le parc social. Parmi l’ensemble des personnes mobiles, ce sont ceux qui se maintiennent le plus en logement social et disposent des revenus les plus faibles : 43 % d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté, contre 29 % pour ceux qui quittent leur quartier. À Paris cependant, du fait d’un coût de la vie plus élevé, ceux qui déménagent au sein de leur quartier sont moins souvent pauvres que ceux qui s’installent dans un autre QPV (37 % contre 41 %), avec toutefois de fortes disparités selon les quartiers.

Les habitants qui s’installent dans un autre QPV ont également un faible niveau de vie. Parmi les personnes quittant leur quartier prioritaire, 1/4 s’installe dans un autre QPV. Cette part varie de 15 % dans les Hauts-de-Seine à 28 % en Seine-Saint-Denis. Ces partants déménagent toutefois moins loin que ceux qui s’installent hors géographie prioritaire (5,4 kms de distance médiane, contre 7,6 kms).

Tout comme les personnes mobiles au sein de leur quartier, celles qui déménagent dans un autre QPV sont souvent en situation de pauvreté. En changeant de QPV, elles sont plus nombreuses à accéder au parc social : avant de déménager, elles étaient 63 % à y vivre contre 68 % après déménagement.

Une diversité de profils. Les 3/4 des personnes qui quittent leur quartier emménagent en dehors d’un quartier prioritaire. Ces départs sont plus marqués dans les quartiers Chaperon Vert (Arcueil, Gentilly), Centre-Ville (Villeneuve-Saint-Georges), Entrée de Ville (Clichy), Cordon (Saint-Ouen). Il s’agit plus majoritairement d’adultes jeunes ou d’âge intermédiaire, vivant seul ou en couple sans enfant.

Ces derniers ont un niveau de vie médian supérieur aux résidents du quartier qu’ils quittent, leur permettant d’accéder à un logement, même dans le secteur social, au loyer plus élevé ou même de devenir propriétaire. Alors que seuls 14 % de ces partants étaient propriétaires dans leur quartier, ils sont 24 % à accéder à la propriété en s’installant hors de leur QPV. Cette part est encore plus élevée pour les personnes qui s'installent en dehors de la MGP (33 %). En corollaire, la part de locataires du parc social diminue, passant de 60 % avant déménagement à 35 % après.

Toutefois, s’installer en dehors d’un QPV ne va pas toujours de pair avec une amélioration des conditions de vie. Parmi ceux qui s’installent hors géographie prioritaire, 1/4 vit sous le seuil de pauvreté.

Des emménagements liés notamment à l’attribution de logements sociaux. Parmi les personnes s'étant installées dans un QPV de la MGP au cours de 2015, 71 % ne viennent pas d’un quartier prioritaire. Cette part varie de 65 % en Seine-Saint-Denis à 83 % à Paris. Elle est particulièrement élevée dans certains quartiers concernés par des opérations de rénovation urbaine récentes, comme par exemple à Tertres-Cuverons (Bagneux), Bédier-Boutroux (Paris 13e) et Ivry-Port (Ivry-sur-Seine).

Une partie de ces néo-arrivants dans des QPV, plutôt jeunes, est touchée par la précarité. Il s’agit pour l’essentiel d’adultes d’âge moyen (la moitié est âgé de 27 à 53 ans contre 36 % de ceux restant dans leur quartier).

Pour une partie d’entre eux, l’installation dans un quartier prioritaire est tributaire de l’attribution d’un logement social. Avant de déménager, seuls 28 % des néo-arrivants résidaient dans le parc social contre 57 % une fois installés.

Les personnes qui s’installent dans un quartier prioritaire, alors qu’elles n’y résidaient pas auparavant, ont un niveau de vie médian supérieur à celui des résidents du quartier, cet écart de niveau de vie étant plus marqué à Paris et dans les Hauts-de-Seine.

(INSEE Analyses n° 101, juill. 2019, par Bayardin V. et Bidoux P.-E., INSEE île-de-France ; Molinier M. et Ribeiro M., APUR)

https://www.insee.fr/fr/statistiques/4192386

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