Le nombre des indépendants continue de croître en 2016

Depuis le milieu des années 2000, l’emploi indépendant progresse, ce qui rompt avec la tendance des décennies antérieures. En 2016, 3,1 millions de personnes travaillent avec un statut d’indépendant.

Des mutations amplifiées par la mise en place de l’auto-entrepreneuriat

À la fin des années 2000, la croissance de l’emploi indépendant non agricole est amplifiée par l’apparition du régime fiscal de l’auto-entrepreneur. Depuis sa création en janvier 2009, l’auto-entrepreneuriat, remplacé fin 2014 par le micro-entrepreneuriat, s’est continûment développé : fin 2016, 860 000 micro-entrepreneurs sont économiquement actifs en France hors Mayotte.

La plupart des activités de services exercées par des indépendants fondent leur croissance récente sur ce nouveau régime, nécessitant généralement peu d’investissement en capital. Dans certaines professions, le micro-entrepreneuriat a supplanté les formes traditionnelles d’emploi indépendant en l’espace de quelques années (métiers de l’enseignement, des arts et du spectacle et de certains services spécialisés dédiés aux entreprises ou aux particuliers. En 2016, 63 % des indépendants non-salariés de ces activités exercent en tant que micro-entrepreneurs. En dehors des services, les micro-entrepreneurs sont également très présents dans la construction (115 000 en 2016, soit 31 % des indépendants non-salariés).

Si le régime micro-entrepreneur reste marginal au sein d’activités pour lesquelles une qualification professionnelle ou l’existence d’un capital s’impose (pharmacies, activités juridiques et comptables, par exemple), certaines de ces activités, pour lesquelles les formes d’emploi indépendantes restent essentiellement classiques, connaissent néanmoins une forte dynamique d’emploi (sages-femmes, infirmiers, professionnels de la rééducation). Elles représentent 180 000 emplois indépendants en 2016.

Enfin, le régime du micro-entrepreneur est exclu des activités agricoles, pour lesquelles existe le régime du micro-bénéfice agricole depuis 2016.

Des revenus très inégaux

De fortes disparités en matière de pluriactivité et de revenus d’activité existent parmi les indépendants non-salariés. Les micro-entrepreneurs et les professions libérales, qui regroupent respectivement 31 % et 27 % des indépendants non-salariés non agricoles en 2016, se distinguent des autres catégories (entrepreneurs individuels et gérants majoritaires de société, hors professions libérales).

La pluriactivité concerne 29 % des micro-entrepreneurs en 2016. Elle est légèrement plus marquée pour les professions libérales (13 %) que pour le reste des non-salariés non agricoles (7 %).

Les conditions de cumul d’activités salariée et non salariée sont très différentes selon le régime social de l’indépendant. Pour les micro-entrepreneurs pluriactifs, l’activité salariée est souvent celle qui leur permet de subvenir à leurs besoins, les revenus générés par l’activité non salariée étant très faibles. En effet, quel que soit le secteur non agricole, le micro-entrepreneuriat rapporte peu : 75 % des micro-entrepreneurs économiquement actifs perçoivent moins de 680 € mensuels.

L’activité exercée en tant que micro-entrepreneur est souvent éloignée de leur activité salariée : 6 fois sur 10, elle relève d’un secteur différent.

Les micro-entrepreneurs qui ne sont pas pluriactifs (71 % d’entre eux) disposent parfois d’autres ressources, comme des indemnités de chômage ou une pension de retraite.

Pour les professions libérales, les revenus non-salariés sont nettement plus rémunérateurs que pour les micro-entrepreneurs, même si les écarts sont marqués selon les métiers. Élevés pour les médecins et les dentistes (6 900 € mensuels nets de revenu médian), les vétérinaires (5 000 €) ou les professionnels exerçant dans le secteur des activités financières et d’assurance (5 200 €), juridiques ou comptables (4 800 €), ils sont moindres dans le domaine de l’enseignement de disciplines sportives ou de loisirs (1 100 €) et dans l’immobilier (1 700 €).

Les indépendants par région

Les régions méridionales et les départements d’outre-mer présentent des caractéristiques propices à l’exercice du travail indépendant du fait de leur structure sectorielle, notamment la place qu’y représente le tourisme. En Occitanie, les indépendants représentent 15 % des actifs en emploi. En Corse, où les conditions d’accès aux grands pôles d’emplois et aux commerces sont en outre plus difficiles, favorisant le maintien de petites entreprises indépendantes artisanales, commerciales ou de services, la proportion d’indépendants y atteint 18 %.

Les indépendants pèsent peu en revanche dans l’emploi des régions septentrionales. Dans les Hauts-de-France, ils représentent 9 % des actifs en emploi. Les diplômés du supérieur, davantage enclins à se lancer dans l’entrepreneuriat, y sont également moins nombreux qu’ailleurs. En Île-de-France, ils représentent 10 % des actifs en emploi.

Les indépendants agricoles sont encore très présents dans certains territoires

Les agriculteurs sont encore majoritaires dans le Cantal, en particulier dans les zones d’emploi de Saint-Flour, où ils représentent 59 % des indépendants, et de Mauriac (52 %). La Creuse, la Lozère, l’Aveyron, la Mayenne, la Sarthe, le centre de la Bretagne et le sud de la Normandie sont également des zones de forte concentration d’exploitants agricoles.

L’agriculture viticole pèse moins dans l’emploi indépendant que l’agriculture d’élevage ou de culture. Son poids est conséquent dans de petits vignobles de la Marne, de Charente ou de Charente-Maritime, mais beaucoup moins dans les territoires des vignobles bordelais, bourguignons, ligériens et alsaciens, qui sont plus vastes et davantage orientés vers les services.

Le tourisme : une source d’emplois

Les territoires de montagne et les littoraux de métropole, de Corse et des départements d’outre-mer sont les plus concernés. En Savoie, Haute-Savoie et dans les Hautes-Alpes, la proportion d’indépendants exerçant une activité d’enseignement peut atteindre jusqu’à 16 %.

Dans les zones d’emploi les plus touristiques de Corse, de Guadeloupe, de la Martinique et de la Réunion, le poids de l’hébergement et de la restauration dans l’emploi indépendant varie de 10 à 15 %, pour une moyenne nationale de 6 %.

Les côtes bretonnes, normandes, atlantiques et méditerranéennes ainsi que les zones d’emploi de Céret et de Prades (Pyrénées Orientales) et de Sarlat-la-Canéda (Dordogne) sont d’autres territoires touristiques où l’emploi indépendant est important.

 

INSEE Première n° 1768, août 2019, par Le Boëtté I.

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