L’INSEE a publié une étude statistique concernant la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) qui désigne la prise en compte par les entreprises, sur une base volontaire, des enjeux sociaux et éthiques de leurs activités. Le concept de RSE formalise, en effet, le fait que l’entreprise, au-delà de sa fonction économique de production, s’engage en tant qu’actrice de la cohésion « sociétale » vis-à-vis de ses partenaires commerciaux et non commerciaux (territoires, associations, établissements d’enseignement par exemple), de la cohésion sociale, y compris au-delà de ses salariés, et de la protection de l’environnement. La démarche RSE consiste à conduire ces actions de façon intégrée dans la stratégie de l’entreprise.
Mise en œuvre du concept de la RSE
En 2016, 59 % des entreprises de 20 salariés ou plus disent avoir « déjà entendu parler » de la RSE. Un quart d’entre elles estime néanmoins ne pas mener d’action dans une perspective de RSE. Parmi celles qui disent « ne jamais en avoir entendu parler » (soit 41 %), un quart estime cependant mener des actions relevant de la RSE.
La RSE est un concept dont la pratique dépasse la théorie : des entreprises sont impliquées dans des actions relevant de la RSE sans connaître formellement ce concept, d’autres estiment ne pas mener d’action dans le cadre de la RSE et pourtant mettent en œuvre certaines actions qui entrent dans ce champ. Les entreprises qui semblent les plus éloignées du concept de RSE, celles qui n’en ont jamais entendu parler et qui estiment ne pas mener d’action, représentent 30 % du total. Elles répondent néanmoins positivement en moyenne à 14 % des actions citées dans le questionnaire de l’enquête sur les entreprises et le développement durable. Les plus engagées, c’est-à-dire celles qui ont entendu parler de la RSE et estiment mener des actions dans ce cadre (45 %), répondent positivement, en moyenne, à 39 % des actions citées dans le questionnaire.
La connaissance et la mise en œuvre des actions de RSE dépendent essentiellement de la taille de l’entreprise, de son appartenance à un groupe et à certains secteurs d’activité. Des éléments liés plutôt au modèle économique, comme l’étendue géographique du marché (clients ou fournisseurs localisés à proximité, en France, à l’étranger) ou la dépendance plus ou moins forte à l’égard des principaux clients ou fournisseurs, ne constituent pas des différences statistiquement significatives quant à la connaissance ou la pratique de la RSE.
Un engagement affirmé des grandes entreprises de l’énergie et de l’environnement et des services
En 2016, la quasi-totalité des entreprises de 500 salariés ou plus (96 %) déclarent avoir entendu parler de la RSE. La notoriété de la notion de RSE augmente avec la taille de l’entreprise : seule la moitié des entreprises de 20 à 49 salariés connaissent la RSE.
En outre, dans toutes les catégories de taille, il demeure une proportion relativement importante d’entreprises qui disent connaître (plus ou moins) la RSE mais ne mettent pas d’actions en pratique.
Les deux tiers des entreprises du champ de l’enquête appartiennent à un groupe. En règle générale, elles connaissent mieux la RSE que les entreprises indépendantes : elles ont 1,4 fois plus de chances d’avoir déjà entendu parler de la RSE et de mener des actions entrant dans ce cadre, « toutes choses égales par ailleurs », c’est-à-dire à autres caractéristiques identiques de taille, secteur et zone géographique d’activité.
Les entreprises des secteurs de l’énergie et de l’environnement sont nettement les plus engagées, « toutes choses égales par ailleurs » : elles sont depuis longtemps concernées par le volet environnemental de la RSE, y compris par le biais de la réglementation. De plus, leur structuration en grandes entreprises internationales les implique aussi dans les volets sociaux et sociétaux. Les autres secteurs les plus engagés dans les politiques de RSE relèvent des services : l’immobilier (y compris les loueurs et les organismes d’HLM), les activités de services administratifs et de soutien, les activités spécialisées, scientifiques et techniques et les activités de l’information et de la communication.
Les entreprises du commerce de détail et des services personnels sont, de façon significative, les moins informées et les moins engagées dans la RSE.
Les autres secteurs d’activité, soit la plupart des secteurs de l’industrie, de la construction, des transports et du commerce de gros, regroupent des entreprises dont la position par rapport à la RSE dépend essentiellement de leur taille et de leur appartenance ou non à un groupe.
Quels sont les résultats des actions de RSE escomptés par les entreprises ?
Les entreprises qui estiment mener des actions de RSE étaient invitées à sélectionner au plus deux résultats attendus parmi les six proposés par l’enquête. Le plus souvent choisi, « le respect de l’homme et de l’environnement », est le plus général, il est aussi celui qui touche le moins directement le fonctionnement de l’entreprise et était proposé en dernier par le questionnaire : 59 % des entreprises l’ont quand même sélectionné. Ceci peut être interprété diversement : soit les entreprises ont effectivement une vision prioritairement humaine et environnementale des démarches de RSE, soit les autres motifs proposés ne leur apparaissent pas comme prioritaires.
Les autres motifs proposés sont directement liés au management de l’entreprise. « L’adhésion et la motivation des employés » arrive donc en deuxième position des résultats attendus pour la RSE (38 %). Un tiers des entreprises citent la gestion des risques, un tiers également l’amélioration de leur image externe comme motifs principaux d’actions de RSE. La réduction des coûts de production motive prioritairement un quart des entreprises engagées dans la RSE. Le développement de nouveaux biens et services motive prioritairement seulement une entreprise sur dix.
Selon les secteurs d’activité, les actions de RSE répondent à des objectifs sensiblement différents. Comme souvent dans le domaine de la RSE, les entreprises de l’énergie et de l’environnement se démarquent, en accordant une très grande importance au respect de l’homme et de l’environnement (72 % des entreprises citent ce motif) et à la gestion des risques (46 %).
Respect de l'homme ou de l'environnement |
Adhésion, motivation des employés |
Gestion des risques |
Amélioration de l'image externe de l'entreprise |
Réduction des coûts de production |
Développement de nouveaux biens ou services |
|
Énergie et environnement |
72 |
26 |
46 |
28 |
15 |
12 |
Hébergement et restauration |
65 |
31 |
36 |
33 |
27 |
5 |
Activités de services administratifs et de soutien |
64 |
45 |
30 |
31 |
15 |
13 |
Activités spécialisées, scientifiques et techniques |
62 |
49 |
23 |
30 |
17 |
14 |
Transports et entreposage |
60 |
32 |
38 |
32 |
28 |
6 |
Construction |
60 |
29 |
37 |
31 |
30 |
9 |
Commerce de détail, réparation et services personnels |
59 |
42 |
28 |
35 |
22 |
8 |
Information et communication |
57 |
62 |
13 |
34 |
13 |
13 |
Industries extractives et manufacturières |
57 |
35 |
37 |
22 |
38 |
10 |
Industrie agroalimentaire |
57 |
32 |
27 |
26 |
43 |
9 |
Commerce de gros |
56 |
38 |
35 |
35 |
19 |
13 |
Activités immobilières |
56 |
36 |
23 |
34 |
21 |
24 |
Ensemble |
59 |
38 |
32 |
30 |
26 |
Champ : unités légales employant 20 salariés ou plus hors sociétés agricoles, financières et d'assurance, estimant mener des actions de RSE ; France.
Source : Insee, enquête Entreprises et développement durable, 2016.
Pour les entreprises des services, « l’adhésion et la motivation des employés » est un objectif prioritaire, notamment dans les secteurs de l’information et de la communication, des activités tertiaires spécialisées, des services administratifs et de soutien.
Les entreprises de l’industrie, y compris agroalimentaire, visent dans les actions de RSE, outre un respect affirmé de l’homme et de l’environnement, en priorité une réduction des coûts de production.
Dans les secteurs de la construction, des transports et de l’entreposage, de l’hébergement et de la restauration, les préoccupations des entreprises sont plus orientées vers la gestion des risques.